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APPROCHES STRATÉGIQUES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET L’EXTRÉMISME VIOLENTS EN AFRIQUE.

APPROCHES STRATÉGIQUES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET L’EXTRÉMISME VIOLENTS EN AFRIQUE.

Introduction :

Le terrorisme et l’extrémisme violents sont en recrudescence partout en Afrique mais les réponses apportées ne sont pas adaptées à l’évolution de la menace. En dépit des actions prises par les gouvernements africains pour affronter cette escalade, leurs réponses risquent en l’absence de toute planification stratégique de n’avoir qu’un effet très limité. En outre, l’environnement sécuritaire en pleine évolution de l’Afrique, exige de passer des approches ponctuelles, limitées dans le temps et dans l’espace, à des réponses plus coordonnées et hautement stratégiques. Les États doivent impérativement se pencher dès à présent sur l’élaboration de stratégies complètes, coordonnées et durables de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et contre-terrorisme.
Pour réussir, ces stratégies doivent être alignées sur les stratégies régionales, ainsi que sur les initiatives de sécurité fournies par les partenaires internationaux. À cette fin, l’on devrait réunir des dirigeants civils, gouvernementaux et non gouvernementaux des secteurs de la défense et de la sécurité provenant de divers horizons de pays africains, ainsi que des représentants d’organismes (régionaux ou sous-régionaux, d’acteurs multilatéraux et de partenaires extérieurs), afin de partager des expériences, des perspectives, des pratiques entre divers pays et régions.
Les discussions doivent porter sur les causes profondes du terrorisme et de l’extrémisme violents tout en donnant un aperçu sur la manière dont les organisations extrémistes violentes sont gouvernées, fournissent des services et suscitent le soutien de la population.
La nécessité d’avoir une compréhension structurelle de la nature et de la dynamique des mouvements extrémistes violents en eux-mêmes, de leurs types d’activité et des processus et modèles de recrutement et surtout de leur mode opératoire est essentielle pour aider les pays africains et leurs partenaires internationaux à adapter et adopter des réponses adaptées et stratégiques à ces défis. Aujourd’hui il devient urgent d’appliquer à la lettre les recommandations émises par les spécialistes dans le domaine du contre-terrorisme et de la lutte contre le terrorisme violent au cours des dernières années afin de pouvoir en tirer le maximum d’expériences à même d’être appliquées sur le terrain de l’ennemi.
I- Évolution de la menace : Terrorisme et extrémisme violents en Afrique

L’objectif cette de cette partie est de pouvoir :
– Examiner la nature et la portée du terrorisme et de l’extrémisme violents en Afrique.
– Définir les facteurs déterminants responsables de l’endurance et de la prolifération des groupes extrémistes violents
– Explorer les implications de la croissance et de l’expansion de l’extrémisme violent pour la sécurité en Afrique.
Contexte :
L’extrémisme violent reste l’un des défis du moment les plus importants pour la paix et la sécurité en Afrique. Et la situation apparaît d’autant plus frustrante que malgré les sacrifices extraordinaires et l’énorme quantité de sang versée et de ressources matérielles et financières dépensées par les Africains et leurs partenaires internationaux, les groupes extrémistes violents continuent toujours de prospérer et d’étendre leur présence dans différentes zones et régions. Même sur des théâtres d’opérations où ils ont été décrits comme vaincus ou en train de disparaître, les extrémistes sont redevenus plus forts et plus meurtriers. Les capacités de résilience et de régénérescence de ces organisations sont surprenantes car leurs objectifs et leurs méthodes sont bien plus radicaux que ceux qu’ils prétendent représenter.
En dépit du fait que les enquêtes et les données disponibles montrent que la grande majorité de la population africaine est opposée à l’extrémisme violent et au terrorisme, cependant, les groupes liés à Al-Qaïda, affiliés de l’État islamique et d’autres groupes extrémistes violents continuent d’attirer des recrues et du financement, exploitant habilement les opportunités créées par la fragilité des États, les pratiques d’exclusion des gouvernements et les conflits locaux qui sévissent dans les territoires qu’ils ont conquis.
De la région du Sahel et du bassin du lac Tchad jusqu’à l’Afrique de l’Est, des groupes extrémistes violents se sont immiscés dans les conflits locaux existants et se sont alignés sur des causes locales. Dans les zones où ils ont réussi à contrôler le territoire, des groupes tels que l’État islamique en Afrique de l’Ouest se sont limités à des formes élémentaires de gouvernement et la fourniture de services sociaux aux populations rurales de la région du lac Tchad.

Sur d’autres théâtres d’opérations où ils n’ont pu complètement supplanter l’État, les extrémistes parviennent à exploiter et à provoquer l’instabilité politique, les tensions intercommunautaires et à exacerber les problèmes socio-économiques.
Au moment où les groupes extrémistes violents s’implantent et cherchent à s’étendre ailleurs en Afrique, il est essentiel d’évaluer le fonctionnement, le recrutement et la mobilisation des ressources de ces groupes. L’administration d’une justice rapide, voire brutale, ainsi que la mise en place d’un semblant de gouvernement, font partie de la panoplie d’outils utilisés par les groupes extrémistes.
Il est essentiel de comprendre comment et quand ces stratégies sont utilisées, car elles aident à comprendre comment ces groupes sont dirigés, fournissent des services et gagnent la sympathie et l’appui des populations entières.
La croissance et l’expansion des groupes extrémistes violents au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et en Afrique de l’Est illustrent le fait que leur résilience et leur puissance ne peuvent êtres expliquées que par des facteurs autres que leurs prouesses militaires.

II- Définition et distinction des concepts
Contexte :
La propagation de l’extrémisme violent et l’évolution des groupes extrémistes violents en Afrique continuent à poser des défis aux décideurs politiques, aux responsables de la sécurité nationale, aux organisations régionales et internationales, aux universitaires et praticiens
Il s’agit donc de mettre sur la table de discussions tous ces aspects de la problématique pour arriver à mieux comprendre les facteurs contextuels de l’extrémisme violent et à évaluer les approches actuelles en matière de prévention et de lutte contre l’extrémisme violents.
Malgré les progrès réalisés et le partage d’informations sur « ce qui fonctionne et ne fonctionne pas » dans la lutte contre l’extrémisme violent, plusieurs obstacles subsistent, notamment le manque persistant de définitions de termes et concepts clés tels que la radicalisation, l’extrémisme, l’extrémisme violent et le contre-terrorisme, la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent. Par exemple, il n’existe toujours pas de définition explicite du terrorisme, du radicalisme ou de l’extrémisme violent. Certains sont des termes ayant une valeur subjective.

La différence entre la lutte ou la prévention contre l’extrémisme violent n’est pas claire non plus. Les acteurs du développement ont tendance à éviter l’utilisation du terme « lutte contre l’extrémisme violent » craignant que cette terminologie soit étroitement liée dans certains contextes aux programmes et approches se rapportant à la sécurité.
L’ONU déclare que son Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent comprend « non seulement des mesures de lutte contre le terrorisme permanentes et essentielles, mais également des mesures préventives systématiques qui agissent directement contre les causes de l’extrémisme violent aux niveaux local, national, communautaire et régional ». L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) préfère parler de la « Prévention et lutte contre l’extrémisme violent et la radicalisation qui conduisent au terrorisme ».
La prolifération de termes n’est pas simplement un problème académique qui peut affecter notre manière de comprendre l’extrémisme violent. Le langage et les concepts utilisés par les décideurs politiques, les donateurs et les praticiens ont de graves conséquences sur la formulation des politiques visant à réduire la menace de l’extrémisme violent.
Parmi les nombreux obstacles que pose l’absence d’interprétations ou de définitions communes, on peut citer la tendance à surestimer le rôle de l’idéologie et du comportement dans l’extrémisme violent au détriment de l’identification et de la résolution des facteurs sous-jacents de l’extrémisme violent. D’autres simplifications connexes résident dans le danger d’associer des groupes spécifiques, des ethnies ou des religions à l’extrémisme violent. En analysant le phénomène de l’extrémisme violent, les dirigeants nationaux et les intervenants internationaux doivent faire preuve de prudence : le langage utilisé ne doit pas reposer sur des hypothèses infondées et, encore plus important, ne doit pas aliéner les communautés locales. Les politiques visant à lutter contre l’extrémisme violent doivent s’articuler autour de questions et de concepts qui trouvent un écho chez les communautés locales et s’accordent avec leurs priorités.

El Hacen Hamdinou

A SUIVRE……

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